ALERTER SUR LA SITUATION DE NOTRE LANGUE Christian Philip

En France tout d’abord, nous subissons sans réagir la multiplication des publicités, logos (Only Lyon), propos d’experts introduisant des mots d’anglais dans leurs interventions… Nos grandes entreprises utilisent de plus en plus souvent l’anglais comme langue de travail (même entre Français). Nos établissements d’enseignement supérieur et de recherche développent des parcours tout en anglais. Nos diplomates et dirigeants parlent anglais même si la réunion ou la conférence dispose d’une traduction simultanée…

Au sein de l’Union européenne peut-encore accepter, le Brexit devenue une réalité, que l’anglais demeure quasiment la seule langue de travail et d’échanges ?!

Parler anglais est nécessaire dans le contexte de mondialisation dans lequel nous vivons, mais cela ne doit pas signifier abandonner notre langue. Si en France on l’abandonne, pourquoi les autres pays francophones n’en feraient – ils pas de même ? Il faut d’urgence actualiser et renforcer la loi Toubon de 1994 sur l’usage de notre langue. Inspirons nous de l’exemple du Québec et de sa loi 101 comme de la pratique de la ” belle province “.

L’ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE

Le Français est ensuite une langue qui reste une langue maternelle, officielle, d’usage ou d’apprentissage dans nombre de pays regroupés au sein de l’Organisation internationale de la francophonie. Cette langue en partage crée des liens, permet de défendre des valeurs ( diversité culturelle et linguistique, droits fondamentaux, solidarité…)…et donne à la France une réelle influence qui n’est pas sans retombées politiques et économiques. Aujourd’hui l’OIF ne joue qu’un rôle marginal faute de moyens et parce que nous privilégions les relations bilatérales. Elle devrait par exemple se voir donner (avec les moyens afférents) comme toute première priorité la formation de professeurs de français ( et particulièrement des professeurs d’écoles). Dans nombre de pays africains francophones le français recule, pas seulement au profit de l’anglais, mais à celui des langues locales faute d’enseignants parlant français !

LA FRANCE DOIT SE MOBILISER

Il faudrait un vrai ministre de la francophonie compétent à la fois pour le français en France ( d’où une compétence interministérielle qui lui serait reconnue ) et pour développer la Francophonie internationale. Au plan de la France il convient aussi d’aider les associations qui œuvrent à la défense de notre langue et à promouvoir la Francophonie. Au plan international, outre la formation de professeurs de français, multiplier les bourses pour la venue en France d’étudiants des pays francophones, chercher des accords sur l’enseignement du français ( l’exemple, entre de trop nombreuses situations du même type, de l’Espagne où le français devient une langue d’apprentissage de plus en plus marginale, devrait être une source d’inquiétude…entraînant réaction et action ! )…

Un vœu (utopie ?): que le mois de mars cesse d’être comme d’habitude une succession de manifestations symboliques, sympathiques, mais sans suites ou de déclarations ( souvent au plus haut niveau de l’Etat ) sur l’importance du français dans le monde, mais soit l’amorce d’une prise de conscience qu’il est urgent de réagir. En France quel candidat à la présidentielle en fera un élément de son programme ? Au plan international sachons profiter du Sommet de la Francophonie prévu à l’automne. Au plan européen, la France présidant l’Union européenne au premier semestre de 2022, faire de l’introduction du multilinguisme dans l’Union une priorité et faire adopter les évolutions nécessaires par nos partenaires.

Promouvoir le Français et la Francophonie ce n’est pas prôner un nationalisme suranné ni une forme de néocolonialisme, c’est en France être davantage nous-mêmes pour fonder notre vivre ensemble, à l’international construire une mondialisation acceptable et acceptée parce qu’elle reconnaîtrait les identités qui caractérisent et différencient nos pays et nos peuples.